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Les vilains mots
22 janvier 2013

Réveil à tes côtés

 

Quand je me lève le matin, tôt, je suis seul maître à bord, et 50m2 m'appartiennent. Je peux m'y mouvoir comme bon me semble. Pendant 20 minutes.
Là, tu es là, et je t'entends bouger. Alors, je suis assise à la table, bien en face de ta chambre, et je mange d'infâmes biscottes topbudget avec de la confiture d'abricots. Quand ta porte s'ouvre, c'est tout un monde fauve qui me percute.
Les odeurs de bouche sales et de pets feutrés et ventrus, l'odeur de la nuit, de la sueur refroidie, un peu de bière, un peu de tabac, les pieds, le parfum d'homme trop coquet, tout ce petit monde jaillit par la porte. Et me submerge. Tsunami qui ne connait pas de survivant.
Je vogue dans les relents de linge moisi mal séché et de javel, ton haleine, tes rôts la nausée. La nausée? Je cours aux toilettes que tu viens de quitter et je constate le signal du caca: tu as relevé le cache du dérouleur de PQ, baissé la lunette, et laissé des traces grasses et collantes le long des parois du cabinet. L'odeur de ta merde, toi que je hais, c'est pire que la mort. Elle se marie avec vice aux effluves acides de ta pisse chaude et concentrée agrippée à la cuvette comme le gras du lard sur une chemise en soie sauvage.
Je meurs dans cette ambiance scatologique et je me tire. PAN! dans ma face quand je te croise, le vomi au bord des lèvres, après ta cigarette du matin.
Ultime agression, ton odeur dans mon appartement, un parfum âpre, propice à la régurgitation. C'est comme si on laissait une salade de mauvaise qualité quatre semaine durant dans un sac en plastique hermétique dans le bac à légume du frigo et qu'on installait au coeur de cette salade pourrie le fond d'un cendrier et une pastille pour lave-vaisselle. J'ai l'impression que c eparfum c'est celui de la poubelle du riche, l'ordure du cher.
Oui, la porte s'ouvre et tu sors en titubant dans ton pyjama été rayé kaki et beige et tu frottes tes yeux collés de merde comme un gamin de 5 ans et demi. Ta porte, frontière de ton antre, coulisse sur un trou noir d'angoisse et de dégueulis. Il s'en échappe une chaleur moite et imbibé de cette odeur d'urine que j'ai senti si souvent chez les CP en classe verte.
Comme si je n'avais pas encore assez souffert, tu viens t'installer juste en face de moi et tu étends les jambes sous la table, pruve de ton égocentrisme et de ta perversité: je ne peux bouge sans te faire du pied. Ca me débecte. Je suis pétrifiée.
Pour rendre ma vie plus difficile tu décides de respirer par brefs à-coups, très rapides, bruyamment, mais surtout de n'employer que la bouche, de sorte que je suis décoiffée par ton souffle putride, comme une brise frippone au-dessus de la fosse septique municipale. J'en meurs.
Pour que cela soit plus distrayant tu accompagnes tes râles de Dark Vador de bruits de bouches repoussants, réprimant tantôt un rôt, tantôt un hoquet, et je vois apparaîtres entre deux bouchées, exibitionnistes, tes dents mal fichues recouvertes d'une pellicule grasse et orangeâtre.
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